Mon parcours

De  la peinture, ROTHKO disait :
«Silence is so accurate !»
Le silence est si précis !

C’est aussi  mon avis.
Voilà pourquoi, je préfère, plutôt que  décrire une éventuelle démarche artistique
ou  ma pratique, conter ces quatre histoires :

Première histoire :
Dans le village où je suis né,
au sud de TOULOUSE, l’immédiat après-guerre

 

Photo d'enfance
Je passe plus de temps à rêvasser (on disait alors, être dans la lune !) qu’au travail scolaire que je n’aime guère. Un livre pourtant se révèle à moi : les Fables de LA FONTAINE illustrées par Benjamin RABIER. Les animaux qui se trouvent là sont à mes yeux parés de toutes les vertus : Ils sont étroitement liés à mon univers, ils sont en correspondance directe avec la vie de tous les jours, ils me sont  plus réels que les animaux qui peuplent mon environnement quotidien. L’image fixe dans laquelle ils se déploient est rassurante, elle donne le temps, on peut la reprendre à tout moment, au même endroit, au même point. J’y retrouve  chaque fois, des animaux gentils, souriants, sympathiques, bienveillants. L’image est là, immuable, dans sa stabilité s’offrant à la contemplation, elle me raconte des histoires qui vont bien au-delà de la fable, et jusqu’à l’infini. Je m’y réfugie, m’y cache, je m’y évade, je me retrouve tout en sécurité dans ce monde !

Ce besoin d’image fixe ne m’a jamais quitté. Toutes les occasions me sont bonnes pour en re-créer, sur le papier, ou sur la toile…

Deuxième histoire :
A l’école des beaux-Arts de Toulouse
dans les années 60

166 Achirb

Je suis inscrit à l’atelier supérieur de peinture. Cet atelier est pour moi une découverte. Raoul BERGOUGNIAN est un Maître au sens de maître artisan: chez lui, le faire dépasse la capacité d’expliquer, il nous donne à voir. Il monte une nature morte avec trois pommes, une poire, une fleur, un foulard… et immédiatement, une émotion picturale prend naissance. Il suffit de transposer les rapports du modèle sur la toile. Encore que transposer n’est pas simple: c’est l’acte de peindre que je découvre.
A ce travail de peintre, s’ajoute la culture picturale et l’enseignement de la couleur, transmis par Jacques FAUCHE, dans son atelier. Transmission qui se poursuit dans l’intimité protectrice de nos déplacements hebdomadaires dans sa 2 cv. je puise là, la foi nécessaire à ma vie d’enseignant et à ma pratique (elle me conférera l’autorité que l’éducation nationale donne rarement au prof de dessin.): le caractère sacré de la peinture, au sens ou elle est traversée par la grâce. La grâce, c’est ici la force, le miracle de la poétique. L’art porte en lui-même son caractère sacré. Il n’y a d’art que sacré, sinon, ce n’est pas de l’art. Il s’agit alors de décoration, d’illustration, d’ornementation, d’esthétisation.

 

Troisième histoire :
Années 80, j’enseigne les arts plastiques
dans un lycée du centre de la France

 

La maxime de Max

Un matin la proviseure, me croise dans le couloir : « Le couloir est bien triste, vous devriez penser à le décorer ! »  Je fulmine ! Bien qu’habitué au regard décoratif que l’on pose sur le professeur de dessin, je n’ai jamais accepté d’endosser ce rôle et je ne supporte pas qu’on me le jette à la figure en toute désinvolture ! Je reviens le lendemain matin avec ma colère en bandoulière et avec… la « déco » toute prête ! : vingt-quatre carrés noirs parfaits, bien alignés, et bien rangés, et un carré noir froissé mal disposé, en désordre, légendé : «  mauvais élève ». J’affiche tout cela, en encadré sur  le mur du couloir. La réaction de la proviseure est immédiate, elle est furieuse !

Je prends conscience à ce moment-là de deux nouvelles convictions qui détermineront la suite de mon travail: La peinture, par ce qu’elle montre, est un acte de résistance, même lorsqu’elle n’a rien de figuratif ou d’agressif.

L’expressivité du carré, figure géométrique simple, m’apparaît comme un élément de vocabulaire plastique à privilégier (et il me sera permis de l’exprimer pendant près de dix ans dans une revue, »Les cahiers pédagogiques »).

Quatrième histoire :
Juillet 2000

 

Max Dupuy et Jacques Fauché

J’expose à MIREPOIX dans l’Ariège. Jacques et Arlette FAUCHE viennent m’y visiter avec, comme toujours, beaucoup de bienveillance et d’affection. Leur regard m’importe. Il y a bien longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de leur montrer mon travail. Ils me proposent de rejoindre le Collectif qui n’est pas encore OCTOGONE. C’est beaucoup d’honneur, beaucoup de plaisir, beaucoup de fierté. Et même pas d’angoisse !

En même temps, ils m’ouvrent toutes grandes les portes de la couleur qui très timidement venait à moi. Alors, puisque  j’y suis invité, je travaille. Je dose les valeurs,  les saturations, et les teintes et plus j’avance, plus le travail est exigeant, plus la satisfaction est grande.

 

Et la magie opère. Dès qu’une toile est « juste », le miracle se produit.